Le SIBO est un trouble digestif relativement méconnu, mais de plus en plus diagnostiqué. Pourtant, le diagnostic du SIBO reste complexe et repose principalement sur un test spécialisé : le test respiratoire pour le SIBO. Cet article complet vous expliquera en détail ce qu’est le SIBO, pourquoi il est important de le diagnostiquer, en quoi consiste le test respiratoire, comment se préparer, interpréter les résultats, et quelles sont les options de traitement.
1. Qu’est-ce que le SIBO ?
Le SIBO est caractérisé par une prolifération excessive de bactéries dans l’intestin grêle, une section de l’intestin où la concentration bactérienne est normalement faible. Contrairement au côlon, qui abrite une vaste communauté microbienne, l’intestin grêle est conçu pour absorber les nutriments des aliments avec l’aide d’une flore bactérienne très limitée.
Lorsqu’un excès de bactéries se développe dans cette zone, cela perturbe l’absorption normale des nutriments et provoque la fermentation des aliments non digérés. Cette fermentation peut entraîner une production excessive de gaz, des douleurs, des ballonnements, et d’autres symptômes gastro-intestinaux.
2. Pourquoi diagnostiquer le SIBO ?
Le SIBO peut être sous-diagnostiqué parce que ses symptômes ressemblent souvent à ceux du syndrome de l’intestin irritable (SII) ou d’autres troubles gastro-intestinaux. Diagnostiquer correctement le SIBO est essentiel pour un traitement approprié. Si le SIBO est laissé non traité, il peut entraîner des complications à long terme telles que la malnutrition, des carences en vitamines (particulièrement en vitamines B12, A, D, et K), et des dommages à la muqueuse intestinale.
Les symptômes les plus courants du SIBO incluent :
- Ballonnements
- Douleurs abdominales
- Gaz excessifs
- Diarrhée ou constipation
- Fatigue
- Perte de poids inexpliquée
- Problèmes de peau
Un diagnostic précis permet d’adapter le traitement, qui peut inclure des antibiotiques, des modifications alimentaires et des suppléments.
3. En quoi consiste le test respiratoire pour le SIBO ?
Le test respiratoire pour le SIBO est la méthode la plus couramment utilisée pour diagnostiquer cette condition. Il est non invasif, relativement simple à réaliser, et repose sur la mesure des gaz produits par les bactéries présentes dans l’intestin grêle.
Comment ça fonctionne ?
Le test respiratoire mesure les niveaux de hydrogène (H2) et de méthane (CH4) exhalés après ingestion d’un substrat (généralement du glucose ou du lactulose). Ces deux gaz sont produits uniquement par les bactéries (et non par les cellules humaines) lors de la fermentation des sucres.
Voici le processus général du test :
- Préparation : Le patient suit une diète spécifique pendant 24 heures avant le test pour réduire les interférences. Cette diète est généralement pauvre en fibres fermentables (fruits, légumes, céréales complètes) et en glucides complexes.
- Ingestion du substrat : Le patient boit une solution contenant du glucose ou du lactulose. Ces substances ne sont pas bien absorbées par l’intestin grêle, ce qui les rend disponibles pour la fermentation bactérienne si une prolifération bactérienne est présente.
- Recueillir l’air expiré : Après ingestion du substrat, des échantillons d’air expiré sont collectés à intervalles réguliers (toutes les 15 à 20 minutes) pendant 2 à 3 heures.
- Analyse des gaz : Les échantillons sont analysés pour détecter la présence d’hydrogène et de méthane. Une augmentation rapide et significative de ces gaz indique une fermentation bactérienne dans l’intestin grêle, suggérant la présence de SIBO.
Les 2 types de test respiratoire du SIBO
Test au glucose : Le glucose est rapidement absorbé dans la première partie de l’intestin grêle. Si une prolifération bactérienne est présente dans cette région, les niveaux d’hydrogène ou de méthane augmentent rapidement. Ce test est très spécifique pour le SIBO, mais il peut manquer des cas où la prolifération bactérienne se situe dans la partie distale (plus loin) de l’intestin grêle.
Test au lactulose : Le lactulose n’est pas absorbé par l’intestin grêle et traverse tout le tractus intestinal jusqu’au côlon, où il est fermenté par les bactéries coliques. Ce test est plus sensible pour détecter une prolifération bactérienne dans l’ensemble de l’intestin grêle, y compris les régions distales. Cependant, il peut donner des faux positifs, car il mesure également la fermentation dans le côlon.
4. La préparation au test respiratoire
La préparation est cruciale pour garantir la précision du test. Voici les étapes clés à suivre :
Diète de 24 heures avant le test : Vous devrez suivre un régime spécifique, pauvre en glucides fermentescibles. Cela inclut l’évitement de nombreux fruits, légumes, légumineuses, céréales, et aliments riches en fibres. Généralement, seuls les aliments pauvres en fibres comme les viandes maigres, les œufs, le riz blanc, et certains produits laitiers sont autorisés.
À jeun avant le test : Vous devrez être à jeun (généralement 12 heures avant le test), ce qui signifie ne pas manger ou boire quoi que ce soit à l’exception de l’eau.
Évitez les antibiotiques et les laxatifs : Au moins deux semaines avant le test, vous devez éviter les antibiotiques, les laxatifs, les probiotiques, et certains médicaments qui peuvent influencer les résultats.
5. L’interprétation des résultats du test du SIBO
Une fois le test terminé, les résultats doivent être interprétés par un professionnel de la santé expérimenté. Voici ce qu’ils rechercheront :
- Augmentation de l’hydrogène : Une augmentation significative de l’hydrogène dans les 90 minutes suivant l’ingestion du glucose ou du lactulose suggère la présence de SIBO.
- Augmentation du méthane : La présence de méthane dans l’air expiré indique souvent une prolifération de bactéries productrices de méthane. On parle parfois de « SIBO à méthane » (parfois appelé IMO, Intestinal Methanogen Overgrowth), qui peut être associé à la constipation.
- Absence de réponse : Si les niveaux de gaz ne changent pas significativement, cela peut indiquer que le SIBO n’est pas présent, ou que le test n’a pas été suffisamment sensible pour détecter une faible prolifération.
Les seuils diagnostiques :
- Une augmentation de plus de 20 ppm (parties par million) d’hydrogène au-dessus de la ligne de base est souvent utilisée comme critère pour un diagnostic de SIBO.
- Une concentration de méthane supérieure à 10 ppm peut indiquer une prolifération de bactéries productrices de méthane.
6. Les limites et les critiques du test Respiratoire
Bien que le test respiratoire soit un outil utile pour diagnostiquer le SIBO, il présente certaines limites :
- Faux négatifs : Le test au glucose peut manquer des cas de SIBO dans la partie distale de l’intestin grêle. Le test au lactulose, bien que plus sensible, peut parfois donner des résultats ambigus en raison de la fermentation dans le côlon.
- Variabilité des résultats : Les résultats peuvent être influencés par de nombreux facteurs, notamment l’alimentation, la vitesse de vidange gastrique, et la composition microbienne individuelle.
- Interprétation subjective : La manière dont les résultats sont interprétés peut varier selon les cliniciens, car il n’existe pas de consensus strict sur les seuils de diagnostic pour certains cas complexes.
7. Le traitement du SIBO
Le traitement du SIBO dépend des résultats du test et des symptômes du patient. Les options de traitement courantes incluent :
Antibiotiques : Les antibiotiques sont souvent utilisés pour réduire la population bactérienne dans l’intestin grêle. Le Rifaximine est un antibiotique non absorbé fréquemment prescrit, car il cible spécifiquement l’intestin sans affecter le reste du corps. Dans le cas d’une prolifération bactérienne à méthane, des antibiotiques tels que la néomycine ou le métronidazole peuvent être ajoutés.
Probiotiques : Certains cliniciens recommandent des probiotiques pour aider à rééquilibrer la flore intestinale, mais leur efficacité dans le traitement du SIBO reste débattue.
Modifications alimentaires : Une diète pauvre en glucides fermentescibles, comme le régime FODMAP, peut aider à soulager les symptômes en réduisant la quantité de nourriture disponible pour les bactéries.
Herbes antimicrobiennes : Certains patients choisissent des alternatives naturelles aux antibiotiques, telles que l’origan, l’ail ou l’extrait de pépins de pamplemousse, pour leurs propriétés antimicrobiennes.
8. La prévention des rechutes
Le SIBO a un taux de récidive élevé, ce qui rend la prévention des rechutes cruciale. Les stratégies de prévention incluent :
- Correction des causes sous-jacentes : Résoudre les conditions qui contribuent à la stase intestinale ou aux dysfonctionnements digestifs, comme l’hypochlorhydrie (faible acidité gastrique), l’insuffisance pancréatique ou des troubles de la motilité intestinale.
- Diète adaptée : Maintenir une diète pauvre en FODMAP ou en glucides fermentescibles peut aider à limiter la prolifération bactérienne.
- Probiotiques et enzymes digestives : En fonction des besoins individuels, des suppléments peuvent être recommandés pour soutenir la digestion et maintenir un équilibre microbien sain.
Le test respiratoire, le meilleur outil pour diagnostiquer le SIBO
Le test respiratoire pour le SIBO est un outil précieux pour diagnostiquer cette affection qui peut avoir un impact considérable sur la qualité de vie des patients.
Bien qu’il présente certaines limites, il reste le test de référence pour confirmer la présence de prolifération bactérienne dans l’intestin grêle.
Un diagnostic précoce et un traitement approprié permettent souvent d’atténuer les symptômes et d’améliorer la santé digestive.